En moins de trois mois, la pandémie du Covid-19 aura permis de lever des freins majeurs au développement des outils numériques dans la santé. L’hôpital et la ville se sont enfin mis à communiquer de façon volontaire, l’usage de la télémédecine s’est accéléré afin de permettre aux soignants de maintenir le lien avec les patients à risques et afin de préserver un minimum de revenus. Avec une multiplication par quinze du nombre de téléconsultations [1] cette pratique est désormais démocratisée chez nombre de médecins et par une partie de la population.
Les crises sont généralement des accélérateurs d’innovations et le cas du Covid-19 le confirme. L’accélération des usages numériques a contribué à soulager le personnel hospitalier et à améliorer la prise en charge des patients. Ces nouvelles pratiques, qui vont probablement s’inscrire durablement, devront être revisitées afin de répondre au cadre réglementaire ainsi qu’aux directives actuelles et à venir opposables aux applications e-santé. L’urgence de la situation ne doit pas contribuer à un relâchement réglementaire des acteurs de l’écosystème.
Une dynamique « Ma Santé 2022 » renforcée par la pandémie?
Les différents gouvernements français qui se sont succédé ont œuvré depuis quelques années au développement du numérique en santé par la mise en place de plans successifs. Cependant, nous vivons une accélération de cette dynamique avec le lancement du programme « Ma Santé 2022 » par l’équipe de l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Dans cette dynamique, le Conseil du numérique en santé (CNS) qui a été mis en place dans le cadre de ce programme et composé des acteurs de la filière numérique en santé, se réunit depuis plus d’un an tous les semestres pour échanger sur les différentes orientations afin d’améliorer le système de santé grâce aux technologies digitales. En parallèle, le Ségur de la santé, impulsé par le Président Macron, a également mis en évidence l’insuffisance des outils numériques et confirme la dynamique actuelle « Ma Santé 2022 ». Le Ségur de la Santé a pour vocation de tirer les enseignements de l’épreuve traversée pour accélérer les réformes afin d’être en mesure de traiter de façon plus efficace, à l’avenir, une telle situation.
Nous sommes tous convaincus que si nous avions initié ce programme 2 ans plus tôt, nous aurions été en capacité d’une part, de contenir la crise sanitaire en permettant une communication plus personnalisée avec les patients à risque, et d’autre part de monitorer en temps réel l’évolution de la pandémie. Cette agilité grâce aux outils numériques aurait probablement minimiser l’impact économique et social de la crise. Ceci ne fait qu’accentuer notre détermination à mettre en œuvre le programme « Ma Santé 2022 » le plus rapidement possible, dans le respect des règles de confidentialité et dans la confiance des patients et des professionnels de santé.
Ce travail fastidieux et parfois ingrat est nécessaire si nous souhaitons embarquer l’ensemble des utilisateurs dans la durée.
Cela se fera grâce à la mise en place du plan d’actions « Ma Santé 2022 » dont la constitution du CNS regroupe gouvernement, experts, entreprises privées et associations de patients, œuvrant tous, main dans la main, à l’architecture de la santé de demain. Un édifice solide et ambitieux avec une interopérabilité nationale, un identifiant unique, un bouquet de services pour les professionnels de santé, et une recherche médicale optimisée.
L’Espace Numérique de Santé : une santé accessible et sécurisée
Chaque citoyen sera intégré dans un seul et même système, un équivalent « France Connect » pour la santé. L’Espace numérique de santé (ENS) sera la porte d’entrée pour tous, avec un premier lancement prévu en juin 2021, testé à l’échelle d’une région couvrant 7 millions d’habitants, et généralisée à toute la population dès janvier 2022. Il ne sera plus nécessaire d’avoir de multiples identifiants et mots de passe. Tout sera centralisé, sécurisé et interopéré pour permettre un partage facilité des informations patients.
La pandémie aura sensibilisé les citoyens et les professionnels aux problématiques de santé et aux usages numériques. Nous devons profiter de cette nouvelle vague digitale afin d’accélérer les usages et généraliser la e-santé.
Même les oubliés actuels du virage numérique pourront en bénéficier par des programmes spécifiques. Ceux qui ne disposent pas des moyens nécessaires bénéficieront d’alternatives mises en place par les acteurs de proximité ou par certaines entreprises. Nous pouvons citer par exemple :
- La start-up H4D qui grâce à sa cabine médicalisée installée dans les mairies offre un accès à distance à une multitude de médecins généralistes ou spécialistes à distance.
- La Poste, qui permet un suivi de nos séniors à domicile avec un service dédié par le biais de nos facteurs, personnes de confiance, tout ça grâce à leur outil digital Facteo.
La digitalisation de la santé doit permettre de ne laisser personne au bord du chemin. Chaque citoyen, peu importe sa localisation ou sa maturité numérique, devra être concerné.
[1] L'Assurance-maladie dénombre 601 000 téléconsultations entre le 1er et le 28 mars, contre 40 000 en février.
Pour en savoir plus sur Ma santé 2022